L’Antarctique

Erika Wehrel

L’une des affirmations les plus ahurissantes des tenants de la terre plate est que l’Antarctique n’existe pas. La Terre étant considérée comme un disque, elle est obligée d’avoir un bord. La communauté platiste admet unanimement l’idée que ce bord est un mur de glace et que c’est ce mur qui est appelé l’Antarctique. 

Au-delà, la Terre et le dôme qui la recouvre se rejoindraient. D’après la Flat Earth Society, ce mur serait gardé par une armada de navires chargés de nous en interdire l’accès. Cette affirmation est tellement stupide qu’elle n’appelle aucune réfutation. D’ailleurs, les gourous platistes qui sévissent sur internet ne l’ont pas reprise. Mais que l’on y songe ! Du pôle Nord au pôle Sud, il y a environ 20 000 km. Sur une Terre en forme de disque, cette distance serait celle qui sépare son centre de son bord. Ce serait donc son rayon. La circonférence du disque devrait par conséquent être de 126 000 km, soit plus de trois fois la longueur de l’équateur. Il est rigoureusement impossible de surveiller un mur aussi long. Toute personne qui a fait un vol entre Paris et Sydney a une idée de ce qu’est l’immensité de la Terre, et pourtant, selon le trajet le plus court, il n’y a que 17 000 km entre ces deux villes.

Les personnes bien informées me diront que l’Antarctique a 45 317 km de côtes, d’après les informations les plus récentes, mais cela comprend toutes les irrégularités. Si l’on prend la surface de ce continent, qui est de 13,8 millions de kilomètres carrés, et qu’on la répartit sur un disque, on trouve que celui-ci doit avoir 13 000 km de circonférence. Cela donne une meilleure idée des dimensions de l’Antarctique et cela montre que les platistes multiplient cette longueur par 10.

Pour tenter de nous convaincre, ils nous montrent des falaises de glace. Elles existent réellement. On les appelle des barrières et ce sont des rebords de la calotte glaciaire qui recouvre quasiment tout le continent. De même que tous les glaciers, elle s’écoule très lentement vers la mer. Quand elle l’atteint, elle s’épanche en plateaux de quelques centaines de mètres d’épaisseur. Ceux-ci ne doivent pas être confondus avec la banquise, résultante du gel de l’eau de mer et moins épaisse. Ces barrières ont une longueur totale de 18 877 km (compte tenu des irrégularités), mais elles ne constituent pas la totalité des côtés de l’Antarctique. Il y a aussi 5 468 km de côtes de roches nues et 20 972 km de côtes recouvertes de glace, dont les platistes ne parleront évidemment jamais.

Cyprus Star est une ancienne platiste qui s’est convertie à la Terre concave. Pour elle, nous ne vivons pas sur un globe mais dans un globe. Elle admet donc l’existence de l’Antarctique et se justifie en disant que sur une Terre plate, les distances entre les bases seraient beaucoup trop importantes. Les platistes lui répondent que ce n’est pas un argument : qu’est-ce qui prouve que les distances entre les bases ne sont pas très grandes ? On peut ajouter que, sur l’Antarctique, pour rallier deux bases, on doit traverser le continent. C’est l’inverse si elle est réduite à un mur de glace entourant une Terre plate : pour passer d’une base à une autre selon le trajet le plus court, qui est un segment de droite, il faut traverser les océans, voire d’autres continents (Amériques, Afrique…). La situation la plus extrême est celle où deux bases sont diamétralement opposées : le chemin le plus court qui les relie passe par le pôle Nord ! Aucun platiste n’ose nier l’existence de ces bases, mais elles sont une épine dans leur pied.

Station Pôle sud Amundsen-Scott – WebCam

Jusqu’à présent, soixante-dix bases ont été construites en Antarctique, où vivent quelques milliers de personnes, plus durant l’été que durant l’hiver. Il y a d’abord des scientifiques qui font des recherches en astronomie (on peut y observer le ciel), en biologie, en météorologie, en climatologie (deux sciences un peu différentes) et évidemment en glaciologie. C’est le meilleur endroit au monde pour recueillir des météorites. Des sismographes y sont installés. Des géologues viennent étudier les 2 % de surface non recouverte par les glaces. Ils sont secondés par du personnel technique : chimistes, mécaniciens plombiers, électrotechniciens, informaticiens, cuisiniers, etc. Si vous voulez postuler, c’est ici :

Il y a une forte concentration de bases sur la péninsule Antarctique, du côté de l’Amérique du Sud. C’est là qu’il est le plus facile d’aller. Les autres bases se trouvent le long des côtes, pour cause d’accessibilité. Seules cinq bases ont été installées à l’intérieur du continent : Vostok (Russie), Concordia (France-Italie), Dôme Fuji (Japon), Kohnen (Allemagne) et Amundsen-Scott (USA), cette dernière étant quasiment au pôle Sud. Le Dôme Fuji n’a rien a voir avec le dôme des platistes : c’est une colline de glace. Cette station est à 3 810 m d’altitude. La recherche scientifique n’ayant rien de secret, une abondante littérature est publiée, surtout en anglais. Je demande parfois aux platistes à quoi serviraient ces documents si le but des « élites » n’était que de tromper le petit peuple sur la forme de la Terre.

À cause de sa proximité géographique, l’Australie revendique un important territoire sur l’Antarctique, où elle a construit les bases de Mawson, Davis et Casey. Je vous recommande de faire un tour sur le site officiel :

http://www.antarctica.gov.au

Le tourisme se développe. Des croisières partent d’Ushuaïa vers la péninsule Antarctique. Il vous en coûtera une dizaine de milliers d’euros, sans compter le voyage vers l’Amérique du Sud. Assurez-vous que vous supportez le mal de mer, car vous devrez traverser des zones de tempêtes appelées les quarantièmes rugissants et cinquantièmes hurlants. Allez-y de préférence en décembre ou janvier et essayez de franchir le cercle polaire à 66°34’ sud, pour constater qu’il n’y a pas de nuit. C’est en contradiction totale avec le modèle de la Terre plate, selon lequel le Soleil a une trajectoire circulaire au-dessus de la Terre.

Durant toutes les saisons, il éclaire le mur de glace à la manière d’un phare tournant d’est en ouest. Même durant l’été austral, on devrait avoir plus de nuit que de jour. Il y a un certain temps, l’association platiste américaine FECORE (Flath Earth Core) parlait d’envoyer quelqu’un en Antarctique, mais ce projet a été prudemment retiré. Les observations montrant que la Terre est sphérique doivent être cachées sous le tapis.

Que dire encore ? Pourquoi des nations qui ont une nature plutôt prédatrice ne se précipitent-elles pas sur les richesses minières de l’Antarctique ? Il y aurait du charbon, des hydrocarbures, de l’or, de l’argent du platine, du cobalt et d’autres minerais. La raison est simple :  le protocole de Madrid, signé en 1991 et entré en vigueur en 1998, a transformé l’Antarctique en une réserve naturelle et son article 7 interdit « toute activité liée aux ressources minérales, autres que la recherche scientifique ». Toutefois, l’article 25 du protocole prévoit qu’il sera possible de réexaminer son fonctionnement cinquante ans après son entrée en vigueur, donc en 2048. Cela signifie-t-il que l’activité minière deviendra possible ? C’est difficile à dire. Les ressources minérales sont pour la plupart enfouies sous la calotte glaciaire et donc difficiles à exploiter. Le climat de l’Antarctique, avec sa nuit polaire et sa banquise hivernale, n’est pas favorable au fonctionnement d’installations permanentes. De plus, ces zones de production seraient très éloignées des zones de consommation, d’où des coûts de transport importants. Ce sont les cours mondiaux des matières premières qui décideront si cette activité est rentable.

Les platistes citent souvent le traité sur l’Antarctique signé en 1959 sans jamais l’avoir lu. Ils devraient le faire, puisque ce texte n’est pas très long. Il s’applique à tous les territoires situés au-delà du soixantième parallèle sud, donc à la totalité de l’Antarctique. Aucun article n’interdit l’accès à ce continent. Les activités militaires sont prohibées, notamment les essais nucléaires. Le traité insiste sur l’importance de la recherche scientifique et encourage la collaboration internationale dans ce domaine. Il ne contient pas de clause sur la protection de l’environnement, raison pour laquelle il a été complété par le protocole de Madrid. Cela entraîne inévitablement des restrictions sur certains activités, dont le tourisme, mais celui-ci n’est pas explicitement mentionné.

Webcam en direct en Antarctique  

Nous pouvons donc admirer l’Antarctique, dont les paysages n’ont pas d’équivalent sur les autres continents. Ces montagnes aux sommets peinant à émerger de l’océan de glace, sculptées par lui et aux parois abruptes, n’existent nulle part ailleurs. Il y a une calotte glaciaire sur le Groenland mais pas de hautes montagnes. En Sibérie, il y a des montagnes mais pas d’inlandsis.

© Se7en Summits CC BY-NC 2.0
http://education.ign.fr/publications-de-l-ign/Education/Ressources/carte_Antarctique/carte-antarctique-hd.pdf

Autre source : le dessous des cartes

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9 réponses

  1. Vérité dit :

    Ahurissante,stupide… ravi pour votre neutralité..vous êtes certainement payé pour dire ses mots affreux

    • cyberlolo dit :

      Bonjour, merci de ce commentaire particulièrement éclairant.
      Ce site n’est pas subventionné. C’est sans doute ce que vous auriez aimé croire. Mais croire n’est pas savoir.
      Cyberlolo

  2. Liberté dit :

    Rien ne prouve non plus qu’elle est ronde

  3. Damie dit :

    Intéressant de dire que la terre n’est pas plate, mais la NASA est incapable de fournir une photo satellite de l’Antarctique.
    Essayez plutôt d’analyser les propos du général Byrd . La terre est plate et bientôt le monde entier sera mis au courant…

    • cyberlolo dit :

      Le monde ne croit pas. Il sait que la Terre n’est pas plate et vos prédictions n’ont aucune valeur. Quand aux photos de l’Antarctique il en existe plein, mais tu ne veux pas les chercher pour continuer de croire ton propre mensonge.

      • Les faits rien que les faits... dit :

        Bonjour,
        Je parle, tu parles, nous parlons, …
        mais aucun d’entre nous deux n’est allé sur la Lune ni même fait le tour de l’Antarctique, pas même Galilée ni même Copernic.
        8 photos de la NASA d’une terre ronde vous suffise !!!, donc, vous me confortez à continuer à développer mes arguments d’une Terre plate. Vous avez vos convictions, j’ai les miennes, mais de grâce essayez un peu d’aller un peu plus loin que vos livres scolaires et d’être moraliste avec tous le monde qui ne crois pas a votre ronditude. Bonne journée et pas d’injures svp avec les inculques : (Les platistes citent souvent le traité sur l’Antarctique signé en 1959 sans jamais l’avoir lu). Cela ne devrait pas vous ressembler et reste malsain pour un vrai et passionnant débat !!! 😃

        • cyberlolo dit :

          On parle, en reprenant plus de deux mille ans d’accumulation de preuves de la validité du modèle en le remettant en cause systématiquement.
          Ce n’est pas le cas de la partie adverse qui invente des concepts puis cherche tout ce qui peut le prouver en écartant ce qui l’infirme.
          Mettre ces deux choses sur le même niveau de réflexion est une erreur.
          La recherche consiste à tester tout ce qui infirme une théorie, pas juste d’affirmer un élément de croyance (qui souvent contredit les autres, d’où l’obligation du mille-feuilles argumentatif platiste classique).

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